EURO: Le compte a rebours a commencé |
English translation |
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Pierre Kessler of
Rectorat de l'Académie de
Strasbourg - Service Technologies Nouvelles et Innovation, FRANCE,
1997
Contribution to the
EDUVINET "European
Monetary Union" subject
Entre 100 et 165 milliards de francs, voilà ce que coûte chaque
année à l'économie européenne le fait de fonctionner
avec 14 monnaies différentes. C'est donc décidé : le plus
grand projet de la fin du siècle est en marche, l'Europe disposera d'une
monnaie unique au plus tard en 2002, et ce ne sont que les premiers pas sur la
route difficile vers l'union politique.
Malgré les consultations
populaires et l'avancement des travaux, les « eurosceptiques » n'ont
jamais désarmé, et maintenant que le compte à rebours a
commencé, on peut craindre que la peur ou une « euro-lassitude »
de dernière minute amènent à méconnaître les
avantages d'une Europe enfin unie.
Un peu d'histoire...
Sans revenir sur le Traité de Rome et l'Europe à six, on trouve, à l'origine de la création du marché commun, la conviction que l'élargissement de l'espace économique européen est la condition de la prospérité européenne. Tout repose donc sur ce projet : établir un marché ouvert à la concurrence qui va permettre aux firmes de développer des stratégies réellement européennes. On a donc d'abord assuré la libre circulation des marchandises et organisé les marchés agricoles. Depuis, l'ouverture du marché s'est étendue aux banques et aux assurances et à la libre circulation des personnes et des capitaux, réalisée depuis le 1er juillet 1990. Enfin, les nombreux obstacles à la concurrence qui persistent (barrières non tarifaires, politiques d'achats publics, monopoles nationaux) doivent progressivement être levés : c'est là le sens du Marché unique de 1993. Dans un tel contexte, le maintien de monnaies nationales devient une absurdité.
Une première étape : le système monétaire européen
Le 13 mars 1979 entre en vigueur le Système Monétaire Européen
qui créée l'ECU (European Currency Unit), monnaie de compte calculée
chaque jour en fonction des variations des cours de change de chacune des
monnaies qui le composent. La valeur d'une monnaie est déterminée
par rapport aux autres à l'intérieur du « Serpent monétaire
» en respectant des cours plancher et plafond et un couloir de fluctuations
de 2,25%, élargies à 15% en 93. Dès qu'une monnaie approche
de son taux plancher ou plafond, la Banque centrale doit intervenir pour la défendre,
en achetant ou en vendant sa monnaie nationale contre des devises.
Le SME a
été créé pour compenser les désordres du Système
Monétaire International, mais il n'a pas fait disparaître la spéculation
sur les monnaies, comme en témoignent, par exemple les péripéties
de 1995.
Le Traité de Maastricht et l'Union Economique et Monétaire
La signature du Traité de Maastricht du 7 février 1992 donne
naissance le 1er janvier 1993 à l'Union Européenne, comprenant
deux volets, l'Union Politique et l'Union Economique et Monétaire (UEM).
L'Institut Monétaire Européen (IME), embryon de la future Banque
Centrale Européenne, est créé le 1/1/94, mais n'a pas de
pouvoir en matière de politique monétaire.
L'objectif de l'UEM
est le remplacement des monnaies nationales par une monnaie unique, l'euro, émise
par une banque centrale européenne indépendante. Sa réalisation
suppose donc une convergence suffisante des économies des Etats-Membres,
et donc de leurs politiques économiques et monétaires.
En décembre
95, le Conseil Européen lance la monnaie unique. Le calendrier de mise en
circulation est fixé, les trois phases sont :
Les avantages d'une monnaie unique
L'abandon de souveraineté : un faux débat
Cet argument souvent avancé apparaît un peu surréaliste quand on regarde les faits en face. Les Etats-Membres du SME, a depuis sa création en 1979 imposé aux Etats-Membres une politique monétaire très contraignante. Par ailleurs, la position du mark au sein du SME fait que le ministre des finances anglais lui-même a dit que la souveraineté britannique sur le plan monétaire durait exactement dix minutes après une décision de la Bundesbank ! La marge de manoeuvre en matière de politique monétaire des Etats-Membres a depuis longtemps été restreinte de fait. Plutôt que d'être contraint à suivre la politique de la Bundesbank du fait du caractère dominant du mark dans le SME, mieux vaut partager la souveraineté monétaire au niveau communautaire. En fait, la question qui se pose encore est celle du mode d'exercice de cette souveraineté partagée.
Quelles nations feront partie du premier groupe ?
En théorie, les nations ayant satisfait aux cinq critères de « convergence » fixés par le Traité de Maastricht. Il semble impensable que la France et l'Allemagne ne s'y trouvent pas, mais ces deux pays sont loin de remplir les critères de façon satisfaisante. Ces critères sont sévères et ils obéissent à une logique libérale orthodoxe propre à faire frémir en ces temps de faible croissance et de chômage de masse :
En tout état de cause, il semble peu probable que la Grèce, le
Portugal et l'Italie fassent partie du 1er groupe, à cause de leur fort
endettement. Même l'Allemagne n'est pas indemne, et le Luxembourg seul
serait actuellement à même de satisfaire toutes les conditions...
Faut-il
donc revoir les critères ? Ou bien reporter les échéances ?
Significativement, le mot allemand utilisé pour la révision des
critères de Maastricht est éloquent : « Aufweichen » =
ramollir. Il semble peu probable que les dates soient révisées.
Quant à une interprétation plus « molle » des critères
de convergence, le Traité lui-même prévoit certaines «
marges d'appréciation » qui se révéleront sans doute
très utiles. On assiste en tous cas à nombre de déclarations
insistant sur le fait que plus que les chiffres bruts (et souvent à la
limite du maquillage), ce sont les tendances profondes des économies qui
seront prises en compte. A voir... En attendant, on peut grincer des dents en
entendant certains eurosceptiques demander le report des échéances,
sous prétexte que le Traité ne serait pas respecté à
la lettre !
Après la monnaie unique : le pacte de stabilité et de croissance (5)
Le pacte dit « de stabilité » budgétaire est adopté
le vendredi 13/12/96 à Dublin par les ministres des finances des pays de
l'Union Européenne. Il est rendu absolument indispensable du fait de
l'absence de volonté politique commune : les Etats-Membres vont conserver
une certaine autonomie, par exemple dans la politique de revenus et la fiscalité.
Il faut donc respecter une discipline budgétaire durable.
Le pacte
encadrera à partir du 1er janvier 1999 les finances publiques des Etats
participant à l'UEM, et a pour objectif à court terme de limiter
les déficits budgétaires à 3% maximum du PIB, et à
moyen terme d'arriver à des finances publiques proches de l'équilibre.
Se
voulant surtout dissuasif, le pacte de stabilité prévoit quand même
des pénalités : elles prennent la forme d'un dépôt de
0,2 à 0,5 % du PIB pouvant se transformer en amende si la situation n'est
pas rétablie, sauf en cas de circonstances exceptionnelles et
provisoires, par exemple les cas de récession sévère.
Bien des questions subsistent...
En conclusion
Il ne s'agit pas de tomber dans un optimisme béat : l'institution
d'une monnaie européenne unique posera des problèmes d'adaptation à
tous. Mais qu'en serait-il si elle était abandonnée à présent
? La perte de confiance qui en résulterait serait sans doute
catastrophique dans ses conséquences, la spéculation immédiatement
relancée.
Les points d'achoppement existent, différents dans
chaque pays : en Allemagne, l'attachement au mark, symbole de stabilité
et de croissance économique, en France, la souveraineté, avec
aussi l'hostilité au vote des étrangers. La montée des
sentiments nationalistes dans les Etats-Membres cohabitent avec des pressions en
faveur d'un élargissement rapide de la Communauté. Les peurs
trouvent souvent leur origine dans l'ignorance pure et simple, en l'occurrence
une méconnaissance profonde des institutions européennes et de
leurs mécanismes, ainsi que tout simplement de l'histoire. Espérons
que la campagne de communication apportera une contribution réelle et
efficace à la construction européenne.
« La métamorphose
est inachevée, nous ne sommes ni chenille, ni libellule, nous sommes
encore dans la chrysalide. L'effort décisif est à faire. »
Edgard Morin
Un peu de nostalgie...
Le Quotidien de Paris du 11 avril 1983 : « 20 ans de contrôle des changes ».
« Le tableau montre (...) que la France est le pays le plus sévère dans le domaine du contrôle des changes : Les Australiens peuvent sortir environ 27000 F par voyage, les Espagnols 4200 F par voyage... Allemands, Belges ou Britanniques peuvent emporter ce qu'ils veulent.
Année |
Francs courants |
1963 - 1966 |
5000 F par voyage |
1967 |
illimité |
1968 - 1969 |
1000 F par an |
1970 |
1500 F 2 voyages par an |
1971 |
2000 F |
1972 |
3500 F par voyage |
1973 - 1982 |
5000 F par voyage |
1983 |
3000 F |
15/04/83 : Jacques Delors annonce la levée des restrictions en matière de contrôle des changes pour la fin de 1983. |
On peut attendre le déferlement de la campagne de communication démarrée le 1er janvier 97 qui ne saurait manquer de porter des fruits ou consulter (parmi une foule d'ouvrages...) : « Mieux comprendre le Traité de Maastricht », François Descheenmaekere, Editions d'Organisation.
Footnotes:
(1) « L'Euro en sept coupures » Le Monde 14/12/96
(2) « L'Europe monétaire au bord de l'implosion » Tribune Desfossés mars 1995.
(3) « En finir avec les séismes monétaires » Yves-Thibaut de Silguy, Le Monde 3/7/96
(4) « Vivement l'euro à un 1 $ !» Lionel Stoleru, Le Monde 31/10/96.
(5) « Der Euro kommt und wird so hart wie die Mark » Welt am Sonntag, 15/12/96.
(6) « Faut-il dévaluer le franc ? » V. Giscard d'Estaing, L'Express 21/11/96.
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